michel roure1Le bruit est de nos jours si banalisé dans nos vies : immeubles, rues, quartiers, nous subissons de telles incivilités à cet égard, nos comportements y sont tellement assujettis que, a contrario, le silence devient assourdissant.

Ce phénomène empire régulièrement, mettant nos capacités de consentement à rude épreuve. Ses différentes manifestations ne sont plus exceptionnelles : radios (à domicile ou en voiture, jour et nuit) et autres télévisions, pétarades de motos, vrombissements de voitures, camions de livraison, travaux de voirie, nuisances et palabres nocturnes devant les cafés et restaurants (ne pas pouvoir fumer à l’intérieur des établissements ouverts au public entraine dans un espace restreint et sous l’action de l’alcool, le ton des discussions ne peut que s’élever à l’extérieur), sorties d’écoles, bruits et fêtes du voisinage.

L'Etat a fait quelques efforts en faisant rouler bus, métros et tramways moins bruyamment, en imposant quelques « fermetures administratives » temporaires, mais c'est peine perdue pour le citoyen lambda qui, étant né dans le bruit, vit dans le bruit et risque d’y mourir en étant devenu… sourd !

Bien sûr, notre quartier n'est pas le Far West mais jugez plutôt. En octobre, la Maison des Associations du XIIIème arrondissement a planché sur le thème : « Nuisances à la Butte aux Cailles. Comment faire respecter la réglementation ? Hier, petit quartier résidentiel et calme. Aujourd'hui 31 établissements, bars ou restaurants, très concentrés et ouverts tard le soir ».
C'est le XIIIème, soit, et non notre XIème... Mais, si on n’y prend garde, nous serons de plus en plus confrontés à des déferlantes de bruit et de fureur comme c’est déjà le cas rue Jean-Pierre Timbaud, rue Saint-Maur et ailleurs. Oui, nos quartiers doivent « vivre » mais à quel prix ? Est-ce au détriment de la qualité de vie des habitants?

Ces nuisances semblent devenues normales. « C'est Paris. Si vous ne voulez pas de bruit, partez à la campagne », nous diront certains. En effet et, d'ailleurs, je m'interroge à cet égard. Toutefois, habitant le 11ème depuis des lustres, je souhaite y demeurer. L’excès de bruit ne devant pas devenir une fatalité, je voudrais convaincre nos concitoyens qu’en continuant ainsi, nous irons tous droit dans le mur. Nous ne demandons pas pour autant la fermeture systématique des bars et restaurants de nuit, mais une prise de conscience de tous sur ce sujet. N'oublions pas que, dans Paris, on vit à plusieurs temps et qu’il faut réussir à accorder ceux qui travaillent, ceux qui s'amusent et ceux… qui dorment. Chacun se doit de respecter l'autre.

Une ville sans bruit n'en serait plus une, en effet, car le bruit c'est aussi la vie. Mais il faut poser des limites sous peine d’empêcher le « vivre ensemble ».

Pour cela, voici quelques pistes :

  • Apprendre aux plus jeunes à vivre dans le respect d'autrui et à goûter paix et tranquillité.
  • Aménager des terrasses et espaces insonorisés.
  • Faire connaître les conséquences du bruit sur la santé.
  • Isoler au mieux les habitations, les nouvelles notamment.
  • Demander la baisse du son de différentes alarmes et sirènes.
  • Renforcer les « Pierrots de la nuit »
  • Nommer un « Monsieur Silence » à la Mairie ou un Référent du Bruit par secteur.
  • Renforcer les contrôles sur les infractions manifestes (Police, Inspection du Travail).
  • Appliquer la loi en verbalisant les nuisances excessives de voisinage.

Quelques chiffres sur l'échelle des décibels qui varie de 0 à 180 dB (5dB pour la chute d’une feuille d’arbre, 180 dB pour le décollage d’une fusée Ariane).
 - Le seuil du risque auditif est à 90 dB.
 - La loi autorise 105 dB en discothèque.
 - Le seuil de douleur est à 120 dB.

 

Adresses utiles :

Commissariat du XIème, 14 passage Charles Dallery XIème, Tél. : 01 53 36 25 71

Centre d’information contre le bruit, 12 rue Jules Bourdais XVIIème www.bruit.fr

Bureau des Nuisances, 12 quai de Gesvres IVème Tél : 01 49 96 34 17

Bureau des Citoyens, 4 rue Lobau IVème, IVème, Tél : 01 42 76 54 76