LA BIENVEILLANCE...

Étymologiquement vient de « bien veuillant », XIIe siècle : « vouloir du bien » n'est-ce pas ce « bien » qu'on appelle sur la tête de tous les gens qu'on croise de la fin décembre à la fin janvier ? Serait-ce parce que la bienveillance est ce dont on manque le plus le restant de l'année ?!

Dans le groupe « Souffrance au travail », la bienveillance est une règle, posée à côté d'autres règles telles que le non-jugement, la solidarité, la confidentialité. Faire de la bienveillance une règle indique assez qu'elle n'est pas une attitude spontanée. Elle est un élément d'un cadre qui doit être propice à l'échange, d'autant plus que les personnes au départ ne se connaissent pas.
Elle est un moyen, pas un objectif, l'objectif étant plutôt d'analyser la situation dans toute sa complexité pour permettre à celui ou celle qui l'a exposée, de mieux la comprendre pour pouvoir mieux y réagir.

Toutefois, ce n'est pas la règle qui crée la bienveillance, celle-ci lui préexiste dans le cœur de chacun : la règle lui donne juste l'occasion de s'exprimer, soit l'exact contraire de ce que tout un chacun subit bien souvent au travail ou dans la vie ordinaire, pris dans des ordres, des injonctions souvent contradictoires et donc déstabilisantes, où agir se confond trop avec obéir ou se conformer, même si, officiellement, la communication passe par un sympathique tutoiement ou des bises généreusement distribuées...

Loin des bons sentiments et des vœux pieux : des règles, un cadre, un objectif de travail partagé... Entre la masse anonyme et l'individu isolé, le petit groupe comme lieu d'accueil et de pensée, quelle belle invention humaine ! Pas étonnant qu'on y éprouve du plaisir, qu'on s'y sente bien, qu'on y retrouve un peu de son intégrité. En outre, nulle obligation de s'y vouer corps et âme sur une durée illimitée ! Un bon groupe, ça se quitte sans culpabilité, après avoir satisfait toutefois, pour ce qui est du groupe « Souffrance au travail » à la condition d' y venir au moins trois fois pour que chaque mois chaque nouvelle personne puisse bénéficier à son tour de cette écoute bienveillante…

L'animatrice Trager me souffle que c'est exactement la même chose qui se joue dans son atelier de relaxation, je crois aussi dans de multiples endroits innovants de la société, qui ne font pas de la bienveillance une démarche psychique personnelle mais la relient plutôt à un cadre collectif minimum.

Alors nous formulons ici des vœux pour que se créent d'autres petits groupes au sein de l'Association Santé Charonne ou dans d'autres lieux... !

 

Claudine Cicolella & Dominique Broskiewicz
27 décembre 2015